Comment Touadera se prépare pour la présidentielle 2025

Il n’y a plus aucun doute à avoir là-dessus. Faustin Archange Touadera (FAT), Président en exercice de la République Centrafricaine (RCA), sera candidat à sa propre succession lors de la prochaine élection présidentielle prévue Décembre 2025.

Après avoir fait adopter une nouvelle Constitution en août 2023, abrogeant la limitation du mandat présidentiel, l’homme fort de Bangui passe à la vitesse supérieure.

Cap sur 2025 !

Dans le but de conserver le Pouvoir, le mathématicien avance ses pions stratégiquement sur l’échiquier, face à une opposition qui désormais, n’existe plus que de nom.

Redynamiser la base

Les militants du Mouvement Coeurs Unis (MCU) sont en ébullition depuis le début de cette année 2024.

Leur champion entreprend une campagne de redynamisation des organes de base de sa fomation politique. Renouvellement et installation de bureaux fédéraux, sous-fédéraux, et cellules du parti à Bangui et en province.

Des responsables de région ont été mandatés avec pour mission : ratisser large et augmenter le nombre d’adhérents à l’idéologie du parti au Pouvoir.

Parmi ses personnalités, on retrouve des politiques, caciques du MCU, des entrepreneurs, soutiens de première heure du régime.

C’est le cas par exemple du député Sosthène Dengbe, ou encore, des entrepreneurs Thierry Ouambeti et Dede Sombo alias « Lerco », respectivement coordonnateurs du MCU de la kémo et la Lobaye.

Des profils sélectionnés à dessein pour leur capacité à mettre à profit leur argent et carnet d’adresse, pour l’évolution du parti dans les zones qui relèvent de leur juridiction.

S’agissant de Bangui, suite à un travail fait en amont par ses lieutenants, FAT, se déplace en personne sur le terrain pour galvaniser ses troupes.

Lors d’une de ses allocutions face à des militants surchauffés dans le 4ème arrondissement de Bangui, là ou lui-même réside, il aura ces mots :

« Nous devons avoir honte de nous. Nous sommes des habitants du 4ème, mais les deux députés qui nous représentent à l’Assemblée sont issus de l’opposition. Nous devons travailler à ce que cela ne se reproduise plus. Que nos erreus du passé ne se reproduisent pas la prochaine fois… »

Simple ironie du sort ou dure réalité du destin, depuis le mois de février, l’un des députés auquel faisait allusion le Chef de l’État, l’opposant Dominique Yandocka, est derrière les barreaux.

Accusé d’atteinte à la sûreté intérieure et complicité de tentative de coup d’État, la date de son procès demeure jusqu’alors inconnue.

Une opposition affaiblie

Si la constitution du 30 août 2023 taille la part belle au futur candidat du MCU, ses adversaires politiques sont loin de bénéficier du même traitement constitutionnel.

Ceux d’entre eux étant binationaux seront donc inéligibles sans le renoncement à leur nationalité étrangère.

« Le candidat à l’élection présidentielle doit être centrafricain d’origine et n’avoir que la seule nationalité centrafricaine. »

Article 67 – Constitution 30 août 2023

Lorsqu’on sait que des politiques tels que, Anicet Georges Dologuele et Crépin Mboli-Goumba, pour ne citer que ceux là, possèdent respectivement la nationalité française et américaine, une potentielle disqualification devient presque certaine.

Pour d’autres, c’est le volet judiciaire qui leur ferait faux bon.

« Le candidat à l’élection présidentielle doit n’avoir pas fait l’objet de condamnation à une peine afflictive ou infamante…n’avoir pas créé ni appartenu à un groupe armé. »

Article 67 – Constitution 30 août 2023

François Bozizé, Karim Meckassoua ou encore Alexandre Ferdinand Nguendet, sont tous condamnés par Contumace à plusieurs années de prison ferme pour rebéllion et tentative de coup d’État.

Tous les trois vivent aujourd’hui en exil.

À la liste des actifs du futur candidat du MCU, s’ajoutent les dissidents de partis d’opposition, et spécialistes du retournement de veste en politique, qui l’ont rejoint.

Reste en lice contre FAT, des opposants au poids politique plus léger qu’une plume d’oiseau, et sans véritable base électorale. D’ailleurs, leurs résultats lors de la dernière présidentielle parlent d’eux-mêmes, et leurs soutiens nationaux et internationaux se font rares.

Touadera, lui, en plus d’avoir en main la machine de l’État, et un parti grandissant, bénéficie d’un soutien de taille.

Le Rwanda et la Russie

Lorsqu’on observe la conjoncture géopolitique en RCA, on note que l’avenir des intérêts de Moscou et Kigali dans le pays semble être étroitement lié à la longévité au Pouvoir de l’actuel président.

Au delà de la formation de l’armée et la police Centrafricaine, le Rwanda et la Russie comptent bien rentabiliser leurs investissements.

Conscient qu’une alternance politique en 2025 ne jouerait pas forcément en leur faveur, ces acteurs devenus incontourables en RCA pourraient opter pour une coopération mlutliforme plus accentuée.

Avec tous ces indicateurs favorables à l’homme fort de Bangui pour la présidentielle 2025, il faudrait rajouter une dernière chose.

Joseph Staline disait :

« Ceux qui votent ne décident de rien. Ceux qui comptent les votes décident de tout. »

Alors qu’il s’y prépare savamment, rien à l’horizon ne semble pouvoir empêcher la réélection de Touadera en 2025.

Rien ! Sauf peutêtre, une intervention des dieux. Encore, faudraient-ils que ces derniers soient contre lui. Ça, seul le temps le dira !

Rejoignez notre liste d’abonnés