“Touadera est le moindre mal pour la RCA” – Kévin Kpefio

Kevin kpefio – homme politique centrafricain

Aujourd’hui, il est incontestablement devenu l’une des figures montantes de la nouvelle génération politique en République centrafricaine (RCA).

Kévin Sosthène Kpefio, président de la Jeunesse du parti Kwa Na Kwa (KNK) fondé par l’ancien président Francois Bozizé sort de son silence.

Dans une interview exclusive, l’homme que plusieurs pronostics politiques prédisent dans le prochain gouvernement partage sa vision sur :

Le KNK. L’ancien president Bozizé. L’actuel Chef de l’État. Les relations entre la RCA et la France. Son avenir politique…

L’ancien Président Bozizé, fondateur de votre parti le KNK a été condamné à la prison à vie par la justice de son pays. Vous qui êtes un militant et cadre de longue date du KNK, quelle est votre réaction à ce verdict ?

La justice s’en était saisie sur le cas de l’ancien Président François Bozizé, et le droit a été dit. Je ne ferai pas de commentaires sur une décision rendue par des professionnels de la justice, des praticiens du droit. Surtout que les faits qui lui sont reprochés sont têtus.

La responsabilité pénale est individuelle, il lui appartient de faire appel s’il estime que la justice a été partiale.

Quelles sont vos impressions sur le coup dÉtat lancé en 2021 par votre ancien leader François Bozizé, pour reprendre le pouvoir par les armes ?

En tant que politique, je défends les valeurs républicaines et démocratiques. Tout coup d’État est condamnable. J’ai toujours rêvé de voir l’ancien Président vivre comme ses anciens homologues OBASANJO et RAWLINGS.

Tous deux anciens Présidents de la République Fédérale du Nigéria et de la République du Ghana, devenus de grands entrepreneurs. Il y a une vie avant le pouvoir et il y en a une autre après.

Etes-vous le seul leader à avoir quitter le bateau du KNK, ou d’autres leaders vous ont suivi dans cette aventure politique ?

Beaucoup d’autres leaders sont partis à l’exemple de l’ancien Ministre Thierry MALEYOMBO et de nombreux députés de la Nation.

Le Vice-président du KNK, Bertin Béa, a récemment dit dans une interview accordée à notre journal que vous avez été radié du KNK. Il va plus loin et affirme que vous avez décidé de rejoindre la mangeoire du MCU. Que répondez-vous à ces propos ?

J’ai seulement appris que j’ai été radié du KNK depuis bientôt deux années. Sauf que cette décision ne m’a jamais été notifiée. Les militants se demandent où et quand la réunion du Bureau politique s’est tenue pour qu’une telle décision soit prise.

S’il y’a quelqu’un a radié du parti c’est bien le Président Fondateur et tous ceux qui ont soutenu son coup de force manqué. Puisque c’est contraire aux textes qui régissent l’organisation et le fonctionnement du KNK. Pourquoi alors s’acharner contre ma personne ?

Bertin Béa, j’ai beaucoup appris auprès de ce dernier. Tout comme je lui ai beaucoup donné. Et par respect pour lui et pour moi; je préfère ne pas répondre aux balivernes.  

Abraham Lincoln disait  « aucun homme n’a assez de mémoire pour réussir dans le mensonge » ; aucun accord politique ne me lie avec le MCU, ce qui n’est pas exclu pour son information. Mais, je préfère ne pas me verser dans un débat de bas étages.

Pourquoi vous êtes vous aligné sur la politique du Président Touadera ?

Juste parce que je me suis rendu compte que Touadera est le moindre mal. Regardez la dimension que notre pays prend aujourd’hui sur le plan diplomatique. Qui eut cru que notre pays meurtri par les nombreuses crises militaro-politique peut aujourd’hui jouer la médiation dans la crise Gabonaise ?

Comment ne pas reconnaitre les efforts faits par le Président Touadera qui, d’ailleurs a hérité d’une situation difficile voire chaotique de ses prédécesseurs. Je fais observer de passage que cette longue crise est née entre l’ancien Président Bozizé et la nébuleuse Séléka. Le Président Touadera n’y est pour rien. C’est aussi ça la vérité.

« C’est purement négatif de toujours remettre tout en cause, c’est en somme, la marque des faibles, des incapables » disait le Général Charles De Gaulle.

On vous annonce dans le prochain Gouvernement en gestation, selon certaines langues. Est-ce une possibilité envisageable selon vous ? Avez-vous été consulté  pour cela ?

La nomination à ce type de poste de responsabilité relève du pouvoir discrétionnaire du Président de la République, Chef de l’Etat. Il nomme et révoque qui il veut et à un poste de son choix.

On ne saurait se fier aux pronostics faits par des médias de la place, meme si c’est normal, puisque c’est leur travail. Mais la décision finale appartient au Président. Si la République nous fait appel, à travers le Président on se met au garde à vous et on sert le pays avec abnégation et loyauté.

Les Présidents Macron et Touadera se sont rencontrés le 13 Septembre dernier à Paris. Certaines voies évoquent une probable normalisation des relations bilatérales entre les deux pays. Quelle lecture faites-vous de la situation ?

En réalité, il n’y a jamais eu de montagnes entre la France et la République Centrafricaine. Chaque Président défend les intérêts de son peuple. Tout ce que nous attendons de la France c’est de mettre une dose de sincérité dans sa politique africaine. Des couacs il en a eu et il y’en aura toujours dans toute relation diplomatique.

Si les deux Chefs d’Etats décident d’aller vers la normalisation des relations entre leurs pays, je ne vois pas le mal, pourvu que la souveraineté soit respectée et les intérêts de chacun soient préservés. 

Quelles sont vos relations avec les dirigeants du KNK, notamment Christian Guenebem, son président intérimaire ?

C’est mieux de poser la question sur comment vont mes enfants ? Je vous répondrai à coup sûr.

Aujourd’hui, doit-on vous considérer comme un opposant fut-il modéré ou comme un allié du Parti au pouvoir ?

Nous sommes dans la 7è République et l’heure de la reconstruction véritable a sonné. J’apporte mon total et indéfectible soutien au Président Touadera qui ; est décidé à remettre le pays sur les rails. Mais, n’empêche que si nous avons des propositions concrètes et fructueuses allant dans le sens de l’intérêt général, nous pouvons les soumettre à la haute appréciation du Président de la République qui, à son tour avisera.

Pensez-vous que le Parti KNK a encore une chance de revenir aux affaires ?

L’objectif premier de tout parti politique est de conquérir le pouvoir et de l’exercer. Il faut reconnaitre qu’il y a un profond malaise au sein du KNK et beaucoup de ses militants ont claqué la porte. Le parti est aujourd’hui en veilleuse.

Propos recueillis par le journaliste Fiacre Salabé

Rejoignez notre liste d’abonnés