

Depuis 48 heures, Bangui, la capitale centrafricaine, fait face à une rupture de ravitaillement de carburant. Une pénurie dans les stations-services qui ouvre la voie à toute spéculation. Alors que le prix à la pompe demeure inchangé, le litre est passé de 2000 à 3000 francs CFA chez les vendeurs ambulants.
Le constat est le même depuis 2 jours à Bangui.
Dans les différentes stations-services visitées par la rédaction de Centrafrica, des scènes de bousculades entre les usagers et conducteurs des engins roulants sont constatés.
Les longues files d’attentes témoignent de l’ampleur de ce que certains qualifient d’une “crise entretenue par une frange des politiques tapies dans l’ombre.”
Le Gouvernement dans le viseur des consommateurs
“Les dernières mesures prises par le gouvernement sont irréfléchies quant à l’augmentation du prix à la pompe. Les autorités ont laissé de côté la situation réelle sur le terrain. En empêchant les vendeurs à la sauvette d’exercer, nous sommes totalement pénalisés aujourd’hui. Et nous voilà dans cette situation », s’offusque un conducteur de mototaxi.
Cette situation profite aux vendeurs à la sauvette. Certains usagers sont obligés de garer leurs engins à la maison.
“Nous nous ravitaillons grâce aux vendeurs à la sauvette. Mais présentement, un litre de carburant se vend chez eux à 2000 voire 3000 francs. Donc, je suis obligé de ranger ma moto à la maison”, a fait savoir Olivier, un agent de l’Etat.
Cette situation est identique dans presque toutes les stations-services de la place.
Ce qui impacte drastiquement le quotidien voire les activités des banguissois.
TOTAL pointée du doigt
Pour sa part, le Front Républicain, une des plus influentes plateforme de soutien aux actions du president centrafricain dirigée par Héritier Doneng,
pointe du doigt le géant français des hydrocarbures TotalEnergies.
” Nous condamnons la rupture d’approvisionnement du pays en hydrocarbures par le groupe français TOTAL…cette rupture d’approvisionnement a été volontairement planifiée afin d ‘intensifier la tension sociale et plonger le pays dans le chaos..”
Héritier Doneng
Un scénario qui ne fait pas l’unanimité au sein de la société civile centrafricaine.
La société civile ne décolère pas
Sur la Radio Ndeke Luka, le Groupe de travail de la société civile s’indigne de l’indifférence des autorités qui, selon elle, ne fait rien pour juguler cette nouvelle crise.
“Ce qui se passe dans ce pays est inconcevable et inimaginable. Est-ce que nos gouvernants tiennent compte de la précarité qui caractérise la vie des centrafricains ? Les prix du carburant à la pompe ont été élevés de façon arbitraire. Aujourd’hui, le centrafricain paie le litre d’essence à 2.500 frs. Où va-t-on avec ce pays”, s’indigne Paul Crescent Beninga, porte-parole du Groupe de travail de la société civile.
Cette pénurie des hydrocarbures fait suite au lancement depuis le 3 avril, de l’opération contre la vente illicite de produits pétroliers.
Mais déjà à Bangui, certaines personnes évoquent le départ inopiné de TotalEnergies qui serait à l’origine de la pénurie actuelle de carburants.
En début avril 2023, la multinationale française a annoncé aux autorités centrafricaines, la revente de sa filiale dans le pays.