

C’est l’un des anciens Chefs d’État africains les plus controversés de notre histoire contemporaine.
Arrivé au pouvoir en 2003 à l’issue d’un coup d’état militaire, François Bozizé aura marqué son temps avec le sceau d’une encre indélébile.
Avant et après lui, aucun dirigeant centrafricain n’aura autant tenté de putschs, et autant connu l’exil de sa vie.
Avec à son actif, 4 coups d’État militaires dont 3 manqués et 1 réussi, il est incontestablement le champion toutes catégories des putschs en Afrique.
C’est l’histoire d’une quête effrénée du Pouvoir qui mérite d’être disséquée et étudiée, afin d’en tirer des leçons utiles pour la gouverne des générations actuelles et futures sur le continent africain.
Alors, comment tout cela a-t-il commencé ?
Un mentor putschiste
officier de l’armée centrafricaine et aide de camp (garde du corps) de l’empereur Jean Bedel Bokassa 1er pendant plusieurs années,
François Bozizé a été nourrit au sein politique de Bokassa arrivé au pouvoir suite à un putsch en 1966.
Ce fut le 1er putsch de l’histoire de la République centrafricaine (RCA), faisant de Bokassa le précurseur des coups d’État en RCA.
Le chemin était donc tout tracé pour le jeune officier Bozizé.
La voie à suivre était claire et limpide comme de l’eau de roche. Prendre le pouvoir par la force et faire taire les contestataires.
Persécution, prison, mort.
Pendant les 10 ans de règne de Bozizé (2003-2013), la majorité des gens qui osent le défier en paient le prix fort.
Jusqu’à ce jour, plusieurs familles n’ont pas fini de pleurer leurs disparus assassinés et dont les corps n’ont jamais été retrouvés.
Promu général par Bokassa,
il voit son mentor putschiste renversé par un coup d’État militaire exécuté par la France.
Le jeune général se voit confronté à la dure réalité du pouvoir acquis par les armes.
« Celui qui vit par l’épée mourra par l’épée. »
Cependant, en retiendra-t-il la leçon ?
Sur les pas du maître…
Avec Bokassa comme maître, Bozizé est donc formaté pour les putschs. Il va le démontrer quelques années plus tard.
Nous sommes en 1981 et le pays va mal.
Suite à un arrangement politique, le président David Dacko cède le pouvoir à l’armée conduite par le Général André Kolingba afin de rétablir l’ordre social mis à mal par plusieurs crises.
François Bozizé est promu Ministre de la Communication.
En1982, juste 1 an après sa prise de fonction, il tente un coup d’Etat avec Ange Félix Patassé et d’autres complices.
Ils essuient un échec et sont forcés de prendre le chemin de l’exil. Bozizé se réfugie au Togo puis au Bénin.
En 1986, en accord avec les autorités béninoises, le président Kolingba enverra des membres d’un commando d’élite des Forces Armées Centrafricaines (FACA) le récupérer.
Il est ramené à Bangui et incarcéré. Il restera en prison jusqu’à la veille des élections de 1993.
L’élève surpasse le maitre
Si Bokassa n’à fait qu’un seul putsch dans sa carrière, son élève quant à lui, va exceller dans la pratique de l’art.
En 1993, Ange Felix Patassé devient le 1er président démocratiquement élu de la République centrafricaine (1993-2003).
François Bozizé devient rapidement son chef d’Etat-Major.
En octobre 2001, il est un moment accusé par le régime d’être impliqué dans le coup d’état manqué du 28 mai 2001 de André Kolingba.
Il prend alors le chemin de l’exil. Cette fois-ci, il atterrit au Tchad et en France.
C’est à partir de ses pays qu’il s’organise et tente un coup de force destiné renverser le pouvoir de Patassé par les armes en 2002.
C’est un échec !
Après une courte période de repli stratégique, il revient à la charge en 2003 avec l’aide du Tchad et la bénédiction de la France.
Le 15 Mars 2003, il prend le pouvoir par les armes. Il en est alors à son 3ème putsch et son 2ème exil, dont il revient victorieux.
L’éternel exilé
Après 10 ans passés au pouvoir, Bozizé est renversé par un coup d’Etat de la rébellion Séléka soutenue par le Tchad.
Les amis d’hier sont donc devenus les ennemis d’aujourd’hui. Les mêmes qu’ils l’ont aidé à accéder au pouvoir hier l’ont lachés.
Le 23 mars 2013, la Séléka entre triomphante dans Bangui.
Le Général Président putschiste multirécidiviste de son Etat, reprend alors le chemin de l’exil.
Cette fois, ce sera en Ouganda où il passera près de 7 ans. Il en est alors à son 3ème exil, le plus long de toute sa carrière.
Cependant, il tient bon et revient en clandestinité à Bangui en 2020,
alors qu’il est sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités centrafricaines de Transition (2013-2016).
9 mois après son retour sur sa terre natale, il décide de reprendre ce qu’il fait de mieux.
L’éternel putschiste
Le 26 Décembre 2020, la vieille du 1er tour de l’élection présidentielle,
Bozizé annonce publiquement qu’il rejoint la Coalition des compatriotes pour le Changement (CPC).
Une rébellion essentiellement composée des principaux groupes armés en RCA, et dont il est devenu le coordonnateur.
Il demande au peuple de ne pas se rendre aux urnes, mais plutôt de soutenir la rébellion.
Le 13 janvier 2021, la CPC attaque la capitale Bangui dans le but de renverser le président Touadera.
Une tentative soldée par un échec face aux FACAS et leurs alliés rwandais et russes. Acculée par la riposte loyaliste, les rebelles battent en retraite.
Bozizé doit une fois de plus reprendre le chemin de l’exil. Il se réfugie au Tchad. Il en est alors à son 4ème putsch et 4ème exil.
Quelques mois plus tard, des initiatives sont entreprises par le président angolais médiateur de la crise centrafricaine, et les organisations sous régionales pour lui trouver une terre d’exil.
En février 2023, le président de Guinée-Bissau donne son accord de principe pour que son pays fasse office de terre d’accueil de l’ancien président Bozizé.
Pour le moment il est réside toujours au Tchad.
Conclusion
Depuis son entrée dans les arcanes du Pouvoir aux cotés de l’empereur Bokassa, la vie de l’ancien président Bozizé a été semée de putschs et d’allers et retours en exil.
Aujourd’hui à 76 ans, il vit en exil accompagné de plusieurs proches et membres de sa famille.
Après avoir survolé ce parcours très particulier, une question centrale se pose.
Comment se terminera la fin du film pour Bozizé, l’éternel putschiste, l’éternel exilé ?