La descente aux enfers de la Mairie de Bangui
Arriérés de salaires, détournements de fonds, licenciement abusif, gabegie…Le personnel de la Mairie de Bangui dépose un préavis de grève et en appelle à l’arbitrage du Chef de l’État…Explications.
Ce lundi 18 septembre 2023, Le syndicat du personnel administratif de la Mairie de Bangui a déposé un préavis de grève à l’attention du Maire de la capitale centrafricaine, Émile Nakombo.
Le personnel de la Mairie de Bangui revendique plusieurs de ses droits, et en particulier, le paiement des arriérés de salaires.
Une facture salée
Selon le Secrétaire Général du syndicat du personnel de la Mairie de Bangui, Roméo Tiburce MBONGO MAMBIO,
toutes les catégories du personnel de l’institution sont touchées par une déferlante d’arriérés de salaire.
« Nous les fonctionnaires de la Mairie, nous n’avons pas reçu notre salaire du mois de novembre 2022 jusqu’à lors, ni celui du mois d’aout de cette année. Cela fait donc 2 mois sans percevoir de salaire. »
Le syndicaliste poursuit la longue liste des agents qui travaillent sans pour autant être payé.
« À ce jour, le personnel numéraire accuse 4 mois d’arriéré de salaire. Les balayeurs et gardiens des marchés de la ville accusent 5 mois d’arriérés de salaires. Les éboueurs accusent quant à eux 9 mois d’arriérés de salaire. »
D’un ton désespéré notre interlocuteur poursuit :
« C’est vraiment un enfer que nous vivons à la Mairie de Bangui ! »
“Un arbitrage du Chef de l’État”
Le syndicat dénonce une gestion calamiteuse du Maire de Bangui, et en appelle à un arbitrage du Chef de l’État, Faustin Archange Touadera.
« Notre préavis de grève expire jeudi. Si nous n’avons pas de réponse, nous entrerons en grève dès lundi prochain pour que le Chef de l’Etat puisse arbitrer la situation. Pourquoi le président de la République accepte-t-il que nous vivions cet enfer ? »
Romeo Tiburce Mbongo Mambio
Dans le cas où aucune réponse ne serait apportée à leur revendication,
le syndicat du personnel de la Mairie de Bangui prévoit une Assemblée Générale ce vendredi, et une grève effective à compter du 25 Septembre 2023.
Népotisme et abus de pouvoir
Selon plusieurs témoignages du personnel,
Le Maire Émile Nakombo, créerait des postes qui n’ont jamais existé autrefois dans l’organigramme de la Mairie, et y nommerait des proches et membres de sa famille.
À en croire les syndiqués,
en peu de temps ces personnes gravissent les échelons dans l’administration et leur salaire dépasse largement celui des fonctionnaires de la Mairie.
« Ce genre de pratique n’a jamais existé auparavant, depuis le temps où Barthélémy Boganda était Maire de Bangui jusqu’à aujourd’hui. » a déclaré un fonctionnaire syndiqué.
En Novembre 2017, une dizaine de personnel avait été suspendu de fonction et solde par un arrêté du Maire.
S’en était suivi une bataille judiciaire.
Malgré une décision du Conseil d’état jugeant illégale l’arrêté, et ordonnant la réintégration des agents suspendus, ces derniers n’ont jamais pu reprendre leur fonction.
« Nos frères ont gagné leur procès au tribunal. Malgré que la justice ait ordonné de les remettre au travail, Nakombo ne l’a pas fait et nos frères sont en train de souffrir au quartier. » s’insurge un de leur collègue qui n’en démord pas.
Le 6 Septembre 2023, la Haute Autorité chargée de la bonne Gouvernance (HABG) a ouvert une enquête sur la gestion administrative et financière de la Mairie de Bangui.
L’investigation de la HABG devrait s’étaler sur une période de un mois.
Interrogé sur cette situation de déliquescence, un haut cadre de la Mairie requérant l’anonymat explique :
” Parler de descente aux enfers c’est même moins value. En enfer, les gens vivent. Ils crient et grincent des dents. Mais à la Mairie de Bangui c’est un silence de cimetière. Les gens qui y travaillent, combien même qu’ils sont vivants, mais ils sont déjà morts. “
