Tombée en disgrâce, Sylvie Baipo Temon pourrait perdre son poste


A l’aube du prochain Gouvernement centrafricain qui devrait voir le jour au courant du mois de juin 2022,
la Ministre des Affaires Etrangères, Sylvie Baipo Temon, a visiblement du plomb dans l’aile.
Jadis, membre le plus plébiscité du Gouvernement, elle ne serait plus en odeur de sainteté auprès du Président de la République Faustin Archange Touadera (FAT).
Mise en minorité par les proches du Président, elle n’est plus entendue par le locataire du Palais de la Renaissance.
Pourtant, depuis sa nomination en 2018 Madame Baipo Temon bénéficiait d’un accès privilégié auprès de son patron qui avait une totale confiance en elle.
Mais Pourquoi FAT voudrait-il se séparer de la Ministre des Affaires Etrangères qui avait jadis « l’oreille du président » ?
Un bilan négatif
Pour de nombreux collaborateurs au Ministère, depuis son arrivée en 2018 à la tête du département,
la MAE centrafricaine n’a pas été en mesure de matérialiser la politique extérieure du Chef de l’Etat.
Tantôt molle, tantôt agressive. Elle n’est pas raffinée, ni pondérée, et manque de prudence avec ses interlocuteurs.
Selon un Ministre Conseiller auprès du Président de la République, le bilan de Baipo Temon est extrêmement négatif.
«Elle ne peut pas résumer son bilan à une passe d’armes avec Jean Yves le Drian. 4 ans après sa nomination, quel est l’état des lieux de nos ambassades ? Je vais vous dire : pitoyable. Les ¾ de nos ambassades sont dirigées par des chargés d’affaires et n’ont aucune feuille de route émanant de leur ministère de tutelle.»
On l’accuse de mener une diplomatie en totale déconnexion avec la situation post crise de la RCA,
non adaptée à la situation politique, sécuritaire, alimentaire, et économique du pays.
Selon un cadre du parti presidentiel MCU,
son bras de fer avec la diplomatie française émanerait plus d’un combat personnel en lieu et place d’un combat pour défendre la Centrafrique.
«Le Chef de l’Etat lui a remis une voiture qu’elle se devait de conduire à bon port. N’ayant pas su comment passer les vitesses au bon moment, elle a cassé le véhicule. Ce n’est donc pas la faute du propriétaire de la voiture, mais c’est bien celle du conducteur. Taper sur la France était devenue sa mission principale alors que c’est pas pour ça qu’elle a été nommée.»
Un management solitaire
La majorité du personnel du Ministère des Affaires Etrangères n’apprécie guère la Ministre, qu’ils considèrent comme une parachutée n’ayant jamais fait ses classes.
C’est ainsi, que de nombreuses plaintes émanant du département seraient remontées à la Présidence.
Qu’est-ce que ces collaborateurs lui reprochent ?
“La Ministre centralise tout à son niveau et pense qu’elle connaît tout.”
Un haut cadre des affaires étrangères dépeint l’attitude de la MAE.
«Elle ne sait pas travailler en équipe et entretient de mauvaises relations avec nous. Elle n’est pas de la maison, mais cherche constamment à nous humilier. Nous, nous sommes des gens formés, contrairement à elle qui a été parachutée à ce poste. Elle manque cruellement d’humilité.»
Des plaintes d’ambassadeurs accrédités à Bangui
Dans les coulisses de certaines chancelleries à Bangui,
les langues se délient de plus en plus sur la méthode employée par la Cheffe de la Diplomatie Centrafricaine.
La Ministre Baipo Temon ferait preuve d’une incompétence ostentatoire couplée d’une arrogance mal placée.
Selon un diplomate européen « la Ministre oublie que nous sommes des représentants d’un Etat lorsqu’elle nous reçoit pour des échanges. Elle ignore complètement les codes et us de la diplomatie. En fait, elle fait plus de tort que de bien à son pays. »
Des diplomates de la CEEAC en poste à Bangui aussi se plaignent des ratés de la Ministre Baipo Temon.
«Ce n’est pas une Ministre de dossiers. Hors la diplomatie, ce n’est pas faire des incantations dans un français enfumant à la télé et à la radio. La diplomatie, c’est d’abord la maitrise des dossiers.»
Une diaspora abandonnée
Dans le cadre de ses fonctions en qualité de Cheffe de la diplomatie centrafricaine,
Sylvie Baipo Temon effectue en moyenne une trentaine de voyages par an.
Les centrafricains de l’étranger lui reprocheraient un certain mépris vis à vis d’eux.
Lors de ses multiples déplacements en France, pays dont elle jouit également de la nationalité, et qui accueille la plus grande communauté centrafricaine à l’étranger,
la MAE Centrafricaine n’a jamais organisé de rencontre d’échanges avec cette Diaspora.
Un leader d’opinion centrafricain résidant à Paris dénonce ce manque de considération.
«Elle vient et elle part en silence. On apprend son déplacement par les médias. Elle n’organise même pas une petite réunion avec nous. Même pas un seul colloque. Même pas un petit cocktail avec ses compatriotes. Pourtant, on nous dit que c’est la ministre des centrafricains de l’étranger.»
Idem pour ses déplacements dans des pays africains tels que le Sénégal ou le Maroc où réside également une forte communauté centrafricaine.
Résultats des courses ?
Les centrafricains de l’étrangers se sentent délaissés et abandonnés.
Le verdict de Touadera
Fort de tout cela,
Le Président Touadera va-t-il attribuer à Sylvie Baipo Temon un autre portefeuille ministériel dans le prochain gouvernement ?
Ou va-t-il purement et simplement l’éjecter ?
Sentant le vent tourner, un réseau panafricain s’est activé pour revaloriser l’image de la MAE à travers un reportage de 14 minutes produit par Chris Yappi, célèbre journaliste d’investigation ivoirien.
Voir ici : la cabale de la France contre Sylvie Baipo Temon
Selon lui « Le président Touadera ne devrait pas se séparer de sa ministre qui lui est loyal, et qui fait partie des meilleurs ministres des affaires étrangères du continent africain. »
Plusieurs observateurs trouvent surprenant le fait qu’un tel reportage n’ait jamais été fait sur un quelconque membre du gouvernement centrafricain depuis le premier mandat de Touadera.
Alors pourquoi maintenant ? Et pourquoi un reportage sur la Ministre des Affaires Etrangères et ses “prouesses” ?
Interrogé sur le sujet, un ancien conseiller des Affaires Etrangères de la Ministre y voit la main de l’intéressée elle-même.
«C’est une opération de communication téléguidée par elle-même. Je connais bien ses méthodes. Elle n’est plus en odeur de sainteté auprès du Président et elle le sait. Et donc, elle joue la carte de la victime, et cherche à influencer la décision du Chef de l’Etat. Je doute qu’elle est ait gain de cause.»
Selon ce diplomate, “si la ministre se fait dégommée, ce ne sera pas sous la pression de la France ou de la communauté internationale, comme voudrait le faire croire ledit reportage.”
“Mais plutôt de son incapacité à redorer l’image de la diplomatie centrafricaine à travers nos ambassades. Elle n’a pas su insuffler une nouvelle dynamique au sein de la centrale.”
Un leader de l’opposition démocratique en Centrafrique et diplomate de carrière observe un bilan mitigé pour la MAE.
« Est-ce que la situation de nos ambassades s’est améliorée ? Est-ce que les services administratifs qui appuient notre diplomatie sont devenus plus efficaces et robustes ? Quel est l’état de nos relations bilatérales ? Combien de commissions mixtes ont été organisées, sachant qu’elles sont la moelle épinière de tout diplomatie pour un pays ? C’est ça le bilan. Les réponses à ces questions, nous les connaissons tous. C’est maintenant au Chef de l’Etat de prendre ses responsabilités. »