
Le 9 aout 2023, le Président Faustin Archange Touadera, recevait le nouvel Ambassadeur de France accrédité auprès de la République Centrafricaine (RCA).
Costume gris sombre. Lunettes de verres apposée sur le visage. Représentant le symbole d’un nouveau départ entre les deux pays, Bruno Foucher remettait ses lettres de créances au locataire du Palais de la Renaissance.
Dans la foulée, un mois après l’évènement, le Président Emmanuel Macron, accueillait chaleureusement son homologue centrafricain sur le perron du Palais de l’Élysée.

À l’issue de cette rencontre, un nouveau ton est donné. Le retour progressif vers une normalisation de la coopération bilatérale.
Depuis, l’Ambassadeur français à Bangui est à pied d’œuvre, et n’hésite pas à mettre les mains dans le cambouis.
Des actions de proximité
Quittant le confort de son bureau à Bangui, le Haut Représentant français souhaite toucher du doigt la réalité du terrain.
Début Novembre, il effectue une visite conjointe avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), dans la ville de Bossangoa et Sam-Ouandja.
Un « moment historique » selon les autorités de la localité, qui ne cachent pas leur joie de voir la France de retour sur leurs terres.
Un notable de Bossangoa, chef lieu de la Préfecture la plus peuplée du pays, explique :
« C’est un moment particulier pour nous les habitants de Bossangoa. Ça fait très longtemps qu’un diplomate Français n’avait pas mis les pieds ici. Nous avons écouté l’ambassadeur qui nous a rassurés du soutien de la France, et a promis de nous aider. »
Pointant le caractère particulier de cette visite, un diplomate en poste à Bangui confie :
« C’est la première fois qu’un ambassadeur français se déplace dans l’arrière-pays depuis 4 ans. »
Pour Bruno Foucher, ce n’est que la première étape de son périple centrafricain. l’Ambassadeur explique :
« Cet événement s’inscrit dans un redéploiement de notre volonté de coopération dans ce pays. Bossangoa est ma première étape. Dans cette préfecture, il y a un programme de stabilité avancé, donc je voulais voir les réalisations qui ont été faites grâce à nos partenaires, et voir comment nous français, pourrions continuer à développer et amplifier ce programme dont les populations ont besoin. »
Autre fait marquant, symbole d’un nouveau chapitre dans la coopération franco-centrafricaine :
la visite à l’Institut Pasteur de Bangui du Président centrafricain, accompagné par une délégation ministérielle et l’Ambassadeur de France à Bangui.
Pendant longtemps, Faustin Archange Touadera, n’avait pas visité cette prestigieuse institution aux cotés d’un officiel Français de haut rang.

“Diplomatie sociale et humanitaire“
Selon plusieurs observateurs de la relation franco-centrafricaine,
Paris aurait changé son fusil d’épaule, et opté dorénavant pour une diplomatie dont les fers de lance sont : le social et l’humanitaire.
En octobre, à travers le Fonds Békou de l’Union Européenne, l’Agence Française de Développement (AFD) finalisait le projet d’assainissement d’un quartier de Bangui.
De grands canaux de drainage d’eau permettant d’améliorer les conditions de vie de plus de 70 000 habitants, particulièrement en saison des pluies.
Liliane Lalou, une habitante du quartier Yakité bénéficiaire dudit projet témoigne :
« Maintenant, on vit mieux dans ce secteur. Avant, quand il pleuvait c’était inondé partout pendant plusieurs jours. On pataugeait dans la boue. L’eau stagnait et favorisait la prolifération des moustiques….Depuis, nous ne subissons plus d’inondations. Et les ponts au-dessus du canal nous permettent de circuler plus facilement dans le quartier. »
Une initiative en cours dans d’autres arrondissements de Bangui, qui selon Aubin Ganatoua, cadre au Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, contribue fortement à lutter contre les inondations, les problèmes de santé liés aux maladies hydriques, et le chômage.
« Non seulement ces projets d’assainissement des quartiers de Bangui améliorent les conditions de vie des populations touchées, mais ils sont aussi vecteurs d’emploi. Notamment pour nos jeunes. C’est aussi pour nous un outil de renforcement des compétences locales, visant à une meilleure gestion de nos services urbains »
Dans l’élan de cette diplomatie humanitaire, au courant du mois de novembre,
la Fondation française « Airbus » a mis à disposition un avion de sa flotte pour l’acheminement de 17 tonnes de matériel d’aide humanitaire, pour apporter un soutien rapide aux centres de santé des zones les plus reculées du pays.

De nouvelles parts de marché
Si aujourd’hui, la stratégie diplomatique de la France en RCA est beaucoup plus axée sur le développement de projets à fort impact social,
on note aussi l’arrivée de nouveaux opérateurs économiques. C’est le cas du groupe français Forêt Ressources Management (FRM).
Acteur majeur de la filière bois, forêt et plantation agro-forestière en Afrique, le groupe a signé en collaboration avec le Ministère centrafricain des Eaux et Forêts, un projet financé par la Banque Mondiale.
Aussi, après plusieurs mois de prospection, la société française Danew Electronics, pourrait bientôt faire son entrée sur le marché centrafricain.
Spécialisée dans la commercialisation de smartphones, tablettes, et ordinateurs portables de technologie française, la marque est déjà présente au Mali et en Côte d’Ivoire.
Lancée à Bamako en 2019, les produits Danew sont présents chez les opérateurs au Mali…Orange, Moov Africa et Telecel, ainsi que dans les marchés de la capitale malienne.
« Repositionnement efficace »
À partir de 2019, les relations entre Paris et Bangui s’étaient tendues jusqu’au point de devenir exécrables. Cependant, en cette fin d’année, le vent semble avoir changé de direction.
Trois mois après la prise de fonction de son nouvel ambassadeur, Paris réussi à rebattre ses cartes en RCA.
Santé, éducation, humanitaire, jeunesse, sport…la France lâche du lest sur le volet politique, et met l’accent sur son action dans d’autres secteurs.
Un repositionnement qui non seulement s’avère être «efficace pour son image auprès de la population, mais aussi profitable dans l’amélioration des relations bilatérales» explique un haut diplomate Centrafricain.