« Les rwandais ne laisseront plus personne les diviser » – Paul Kagamé

Paul Kagamé, Président du Rwanda

Le soleil pointe fort sur Kigali ce 7 avril 2023.

Les rues sont vides. Les drapeaux des institutions nationales et internationales sont mis en berne.

C’est un mois particulier pour les rwandais.

Celui qui sonna le coup de sifflet du début du génocide perpétré contre les tutsi en 1994.

Aujourd’hui, le pays aux mille collines commémore les 29 ans de cette tragédie.

Le président Paul Kagamé accompagné de la première Dame, allume la flamme du souvenir sous le regard d’une audience en plein recueil.

Membres du gouvernement, diplomates, étudiants, rescapés du génocide…

Tous réunis au Mémorial du Génocide, observent une longue minute de silence à la mémoire des victimes.

Kwibuka, un moment de témoignage

Kwibuka qui veut dire en français « se souvenir », est l’occasion de se rappeler de la tragédie qui a frappé le pays en 1994 et d’en tirer leçon.

1 million de Tutsi exterminés en 3 mois. Leur seul crime, était leur appartenance ethnique.

Rescapé du génocide, Eric Mwizerwa partage une partie de son histoire.

Eric Mwizerwa

« Nous étions 15 000 personnes réfugiées dans ce camp quand ils sont arrivés. Les gendarmes ont tirés sur nous, et ensuite les génocidaires nous ont massacrés. Ceux d’entre nous qui avaient de l’argent, avaient le privilège d’une mort rapide par balle. Ceux qui n’avaient pas d’argent se faisaient découper à la machette… »

Un témoignage poignant qui ravive de douloureux souvenirs chez plusieurs participants dans l’audience.

Ceux qui suivent la traduction en français, peuvent entendre les sanglots dans la voix de l’interprète n’arrivant plus à contenir son émotion.

Sous la pression du témoignage d’Éric, il craque.

« Parmi les génocidaires qui nous tuaient, Il y en avait un qui ne tuait que les bébés. Ils l’appelaient à chaque fois qu’il y avait des bébés vivants…Il venait, et il les tuait. »

Après avoir vu son grand frère se faire tuer à coups de machette par les génocidaires, Eric perd sa mère sous yeux.

« En emmenant ma mère pour la tuer, ils m’ont demandé si je connaissais cette femme. J’ai dit oui, c’est ma mère ! Une femme qui passait a crié, attendez, donnez-moi son pagne, ne le salissez pas ça de son sang. Ils l’ont fait, et ils ont  massacré ma mère devant moi. Un des tueurs qui m’avait promis la mort m’a dit : toi là, on tue ta mère devant toi et tu ne pleures pas»

Eric eut la vie sauve en se faisant passer pour le fils d’un père Hutu connu de ses bourreaux.

Par peur de représailles, ils le relâchent.

Des scènes macabres qui ont laissé des blessures indélébiles dans les cœurs de millions de victimes.

Pour le président Kagamé, malgré la douleur qui demeure, les rwandais ont choisi de pardonner et de vivre ensemble.

L’unité, socle de réconciliation et de paix

Dans son discours, le président Kagamé rappelle que cette tragédie ne serait définir le peuple rwandais,

et qu’il faut tout mettre en œuvre pour qu’un “tel drame ne se reproduise plus jamais ici ou ailleurs dans le monde.”

Pour cela, il est indispensable d’accentuer la lutte contre les discours de haine et l’idéologie de la division entre les personnes.

Il faut s’efforcer de créer les conditions pour une véritable unité des peuples.

« L’unité est la fondation de tout. C’est ce que nous nous efforçons de faire. Les rwandais n’accepterons plus jamais des initiatives visant à nous diviser. Cela n’arrivera pas. »

Paul Kagamé

Pointant du doigt le déni de certains pays face au génocide contre les tutsi,

le président rwandais a exhorté ses compatriotes à ne compter sur personne d’autres qu’eux-mêmes.

« Lorsque nous avions le plus besoin d’aide, le monde nous a tourné le dos. Le message est donc clair. Vous êtes seul au monde. Et nous devons apprendre à régler nos problèmes seuls. C’est ce que nous avons fait, et ce que nous faisons au Rwanda.»

Pendant une semaine, sur toute l’étendue du territoire rwandais, les populations se recueillent pour honorer la mémoire des morts et le courage des rescapés du genocide.

La flamme du souvenir quant à elle, demeurera allumée pendant 100 jours.

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